Alsaciens-Lorrains
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Telle la famille Epplin qui donna le premier adjoint spécial. Schlosser, le doyen de l'amicale des Alsaciens-Lorrains de Saïda, né le 6 août 1864, à Strasbourg, y fut amené par ses parents. Schégel, Knapp et Bousquet qui devaient céder le terrain des actuelles gendarmerie et infirmerie indigène. Thomann, Fiés, Haensel et enfin, Faderspil qui garde pieusement, dans sa salle à manger, l'uniforme de fantassin de 1870 porté par son père. Autant de noms aux résonances qui nous sont familières. En 1877, deux autres centres furent créés par les réfugiés Alsaciens-Lorrains. D'abord le village de Nazereg-Flinois à 5 km au nord de Saïda, dont le premier adjoint spécial fut Weber Georges et où vivent encore Meyer, Welde-Kentz, Halter, Krummenacker, Schanebelé, Burg, Goetz, Ganzer, Guttinger, Boileau, Starck, Thomann et Koenig. De même le centre de Charrier fut créé à 40 kms au nord de Saïda, non loin du marabout de Sidi-Boubekeur, par arrêté gouvernemental en date du 5 janvier 1877, sur le territoire du douar Taffrent, qui faisait alors partie du cercle militaire de Saïda

Durant cette période se constitue parallèlement à Saïda, une importante colonie d'Alsaciens-Lorrains. lls proviennent en partie, d'émigrés de la guerre de 1870, mais surtout il faut noter la présence d'anciens militaires évadés d'Alsace-Lorraine qui s'engagèrent dans la Légion Étrangère, pour laquelle Saïda forme, après Sidi-Bel-Abbés, le deuxième berceau. Après avoir combattu dans le sud oranais, au Sahara, au Maroc et dans les colonies lointaines, ils vinrent prendre leur retraite et se fixer parmi nous. Tel par exemple M. Marche Joseph, dont les parents avaient fui l'Alsace-Lorraine en 1871 et qui s'engagea à Nancy le 1er avril 1886, à l'âgé de 19 ans, l'année même où ce glorieux régiment vint tenir garnison dans notre ville. Tel encore M. Koenig Théophile, évadé d'Alsace en 1914, engagé volontaire, adjoint au maire de Saïda. Une troisième génération de réfugiés allait s'implanter à la suite de la dernière guerre; ce sont M. Limacher, émigré en 1942 en Algérie et engagé volontaire aux FFL, ou M. Job Fernand, réfugié en 1940, combattant de la 1ère division dans les FFL et enfin M. André Jenn, instituteur.

Voilà résumé brièvement l'apport de nos deux provinces, à la pacification et à la mise en valeur de cette partie des hauts-plateaux algériens. Outre les premiers défricheurs et les soldats, d'autres artisans sont venus d'Alsace et de Lorraine, concourir à l'équipement du pays et par contrecoup à l'amélioration de la condition humaine des populations indigènes. Tous les sondeurs travaillant aux puits, qui dans les vastes territoires de parcours méridionaux doivent fournir aux populations transhumantes le breuvage pour leurs troupeaux assoiffés et aux fellahs et fermiers l'irrigation pour leurs terres, tous sont des Alsaciens-Lorrains, comme l'étaient ceux qui forèrent les premières mines de la région. ll est bien évident que d'autres métropolitains ont participé au défrichement des terres algériennes, mais il n'en demeure pas moins vrai que ce sont les ressortissants de l'est de la France qui ont été les premiers pionniers à ouvrir la voie à la colonisation. Cette rétrospective que nous faisons aujourd'hui vient à son heure; elle démontre nettement que la mise en valeur de l'Algérie a demandé des efforts gigantesques de la part des hommes, et que ceux qui y participèrent connurent plus de déboires que de satisfaction, malgré les assertions du FLN à nous qualifier de "colonialistes".


Extrait de L'Écho d'Oran du 23 août 1960


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