Des origines...
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Dès l'an 508, la région de Saïda est incluse à la Principauté du roi Masuna, qui prend le nom de "Roi des Maures et des Romains" et dont la capitale est Lamoricière. Pendant cette période, la région va connaître l'insécurité totale et sera souvent pillée. Au 6ème et 7ème siècles, elle passe sous l'autorité de la dynastie des Djeddar de Frenda, dynastie berbère-chrétienne. A la fin de cette période, elle subit l'invasion des tribus pillardes des Hillals. Puis elle passe sous la domination du royaume religieux berbère de Tahert (Tiaret). Les imams qui y règnent sont vertueux et pratiquent l'étude des sciences religieuses et profanes; beaucoup d'habitants de la région font le voyage jusqu'à la capitale Tahert pour consulter les fameux astronomes qui y résident.

A la fin du 10ème siècle, c'est la dynastie des Almoravides, dont la capitale est Tlemcen, qui place la région de Saïda sous sa domination. Deux siècles plus tard, elle doit obéissance à la dynastie des Almoyades, qui succèdent aux Almoravides, à la tête du royaume de Tlemcen. A la fin de ce règne, une véritable anarchie s'empare de toute cette région; la région de Saïda reste rattachée au royaume de Tlemcen, mais ce royaume va être pris en sandwich entre les royaumes de Fez à l'ouest et de Tunis à l'est et toute la région va devenir un lieu de passage des armées ennemies. A la même période, des communautés de marabouts tentent d'échapper à l'autorité de Tlemcen, en même temps qu'elles se dressent les unes contre les autres. Le désordre et l'insécurité règnent dans toute la région; les récoltes sont ravagées, les troupeaux razziés, les populations rurales décimées.

Les luttes intestines des communautés maraboutiques ne durent pas et la région de Saïda va bientôt passer sous l'autorité d'un bey, représentant de l'empire ottoman, dont la capitale est d'abord Mazouna, puis Mascara et, enfin Oran. La population, sous la menace du pillage de ses biens, est obligée d'acquitter des taxes en argent ou en nature. Le joug turc est tellement pesant qu'au moment de la levée des impôts, de nombreux habitants n'hésitent pas à reprendre la vie nomade et à se réfugier sur les hautes plaines steppiques, abandonnant la terre qu'ils cultivaient. Et ce sera le début de la conquête de l'Algérie par les troupes françaises qui débarquent à Sidi-Ferruch le 14 juin 1830...

Saïda en 1830 est un petit village relié à Mascara par une piste incertaine, poussiéreuse ou boueuse suivant la saison. Les douars de la région sont en lutte perpétuelle entre eux. Les terres sont cultivées plusieurs années de suite, jusqu'à épuisement du sol. La culture est sommaire et les outils rudimentaires. La région connaît une timide industrie familiale: tissage pour les besoins de la famille, fabrication des nattes en alfa et en palmier nain, poteries en argile cuite, travaux de forge. Rien n'est bien précis quant au nom originel. Un fait demeure certain: le nom de "Saïda" est antérieur à l'arrivée des troupes françaises. Il a été donné par Abd-el-Kader au village qui était devenu une de ses garnisons dans laquelle il aimait à venir se reposer des fatigues de ses opérations guerrières; le nom de Saïda remonte donc aux environs de 1835.

En effet, en 1835, Mascara est occupé par le colonel Clauzel et l'émir est obligé de se replier sur une région plus au sud. Quels sont les mobiles qui ont poussé Abd-el-Kader à choisir ce nom? Près de l'actuel "pont de la légion", en bordure de l'oued, se dresse un enclos au centre duquel reposent sous un tertre, les cendres d'une sainte femme, grande devineresse. Cette femme-marabout vivait, il y a plus de deux cents ans, dans l'ancien village et elle avait nom Saïda. Sa renommée avait dépassé les limites du village et gagné les régions avoisinantes. Morte, sa sépulture fut et demeure un lieu de prière pour la foi musulmane. C'est en souvenir de cette sainte femme qu'Abd-el-Kader baptisa le village: Saïda. Avant cette date, le village portait un autre nom. Quel fut-il? Rien ne le dit avec certitude. Cependant, si nous regardons l'actuelle position géographique de l'ancien village, nous pouvons constater qu'elle s'inscrit dans le périmètre domanial de l'ancien douar de Doui-Thabet.

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