![]() (3) |
|
Seul village existant sur ce périmètre, il y a de fortes présomptions
pour que le nom primitif fut "Doui-Thabet" et que par la volonté
de l'émir il devint vers 1835 "Saïda". L'actuel village
de Doui-Thabet, faubourg de Saïda, date quant à lui de 1841
et s'appelait à l'origine "Ghraba
el Oued" c'est-à-dire
"Village de l'Oued". Pour s'installer l'émir Abd-el-Kader
remonte les fortifications qui entourent la ville et qui avaient été
détruites lors de luttes antérieures. Ces fortifications étaient
constituées par un mur de 364 mètres de long et de 1 mètre
80 d'épaisseur sur 4 mètres de hauteur. Elles s'appuyaient
au rocher appelé depuis "Vieux-Saïda" et dominaient
l'oued. Elles descendaient jusqu'en bordure de la piste qui longe l'actuel
cimetière musulman. A l'un des angles de cette enceinte, l'émir
fit bâtir un petit palais de style mauresque où il aimait venir
se reposer. Le 30 mai 1841, Bugeaud prend définitivement Mascara et en octobre de la même année, il se dirige sur Saïda. Le lieutenant d'Abd-el-Kader, Mustapha ben Thany, essaie de l'arrêter près de l'endroit où se situe Charrier, mais il échoue et est pris en chasse par trois bataillons et la cavalerie de Bugeaud, qui arrive devant Saïda le 22 septembre 1841; c'est alors qu'il campait sur l'emplacement de Charrier que se situe la fameuse histoire de la "casquette du père Bugeaud" et qui a été immortalisée par une chanson devenue célèbre. L'émir en fuite se retire dans la foret des Hassasnas après avoir incendié la ville et tous les dépôts. Bugeaud fait alors miner les fortifications et le général Lamoricière installe le camp sur la hauteur où s'élèvera plus tard la colonne commémorative. Ces troupes resteront deux ans durant lesquels un autre lieutenant de l'émir, Ben Allal, livrera de sanglantes escarmouches. C'est le colonel Géry, aidé de la tribu des Hassasnas, qui chassera Ben Allal de la région en 1843. En 1844, Bugeaud, devenu gouverneur général de l'Algérie, décide l'implantation à Saïda d'un poste militaire. Une première redoute est construite sur son emplacement actuel: murailles et baraquements sont bâtis en pisé. A l'intérieur, on commence à élever la première partie de l'hôpital. Deux ans plus tard, les fortifications primitives sont démolies et rebâties en dur. Deux portes donnent accès à l'intérieur: les portes de Tiaret et de Mascara. En 1858, l'autorité passe entre les mains d'un corps d'officiers spécialisés parlant l'arabe: "Le Bureau Arabe de la Yaccoubia". Son rôle est d'avoir de fréquents contacts avec les chefs des tribus, de surveiller la rentrée des impôts, de juger sur les différends, d'entreprendre des travaux d'ordre public, de protéger la population musulmane. Qu'est-il advenu de la population musulmane qui habitait à l'intérieur du camp retranché de l'Abd-el-Kader? Le village avait été incendié par l'émir et les fortifications minées par les troupes de Bugeaud. La population s'est regroupée en trois points différents; en bordure de l'oued "Ghraba el Oued", connu sous le nom de Village de Doui-Thabet; en bordure de l'oued Oukrif, connu sous le nom de Village Boudia; près de la colline du stade, connu sous le nom de Village de la Marine. Avec la Redoute, où habitent les premiers européens, Saïda présente l'aspect d'une quadruple agglomération et c'est à l'intérieur du périmètre délimité par ces quatre villages que la ville va dessiner le tracé de son évolution. Dès 1900, Saïda a déjà les dimensions et le tracé que nous lui connaissons. Les rues existent presque toutes et délimitent des parcelles de terrain servant à des jardins, au milieu desquels se dressent de-ci de-là quelques habitations. Après 1900, Saïda ne cessera de se bâtir sur ces emplacements, jusqu'à être obligée de s'étendre hors du tracé primitif, vers le nord et vers le sud. Texte de Henri Audouard |
|
Précédent |