Saïda Blédi
Chapitre 5

La commune de plein exercice devenait adulte. Le premier maire fut M. Schenk; ce n'était pas un maire élu (1882-1884). C'est avec l'arrivée de Charles Solari à la Maire (1844-1896) que la ville accéda à la vie politique et prit un essor décisif. La ville nouvelle, hors remparts, allait se construire, mais pas dans le désordre. Un plan d'urbanisme, établi par M. Rey, un architecte en avance sur son temps, dotait la cité d'un outil de travail incomparable. Des avenues larges furent tracées, des rues bien orientées, des jardins, des espaces verts furent prévus. L'eau était abondante. On planta arbres et jardins qui rendirent notre ville si agréable. Plus tard, beaucoup plus tard, un officier supérieur des Eaux et Forêts, M. Grillot, amoureux de son métier et d'une ténacité incroyable, compléta cet effort, créant de toutes pièces autour de la ville une splendide forêt de pins, qui acheva de transformer en espace vert, ce coin de terre brûlé par le soleil. Il fallait le faire...

Le maire M. Charles Solari, père de notre ami Maurice, installé aujourd'hui à Béziers, fut à l'origine de tous les travaux d'édilité et Saïda n'ayant pas de mairie il fit construire à ses frais notre belle et actuelle mairie. Il l'étrenna en y épousant Mlle A. Flinois. Je n'ai jamais retrouvé dans les archives de l'époque qu'il ait été remboursé de cette dépense. M. Joseph Flinois lui succéda (1896-1920). Ses réalisations furent nombreuses: un réseau d'eau, d'adduction d'eau et d'égouts remarquables, la nouvelle église aujourd'hui rasée, le marché, le théâtre, le premier groupe scolaire qui porta son nom avant de s'appeler Jules Ferry, permirent à Saïda de devenir une ville coquette et soignée. Il mourut en 1920, victime, déjà, d'un accident d'auto. Il était le père de notre ami Maurice, aujourd'hui à Sète, et de M. et Mme Marcel Peyre, malheureusement disparus.

M. Curel lui succéda (1920-l924), suivi de M. Joseph Vidal (1924-1930) qui renoua avec la tradition des maires issus de Saïda; il fut conseiller général et marqua sa législature en faisant don à la ville de tous les terrains dont elle avait besoin. M. Joseph Vidal est le père de notre amie Mme Messonnier (pour nous Laurence Vidal), installée aujourd'hui à Antibes, prés de la famille de son fils Henri et entourée de ses petits-enfants. Il passa la main au docteur Rehm (1931-1935), dont aucun Saïdèen ne peut évoquer le souvenir sans émotion. Yvonne Finaz, sa fille, habite Paris depuis son mariage. A la même période le docteur Fériot, mon ami Fériot, était conseiller général. Cécile Fériot, son épouse, habite aussi Paris.

Ce fut ensuite la législature de M. Jean Traverse (1935-1944) dont la gestion scrupuleuse permit à la ville de traverser une période difficile. Notre ami Marcel Bertrand fut le magistrat de notre ville de 1944-1947. Francis Baylé (1947-1959) enfin et son équipe, apportèrent leur pierre à l'édifice. C'était une équipe formidable, un bloc cimenté par l'amitié dont les adjoints étaient: André Sabaton, Pierre Pauloin, Paul Trojani, Hamidat Aabdelkader, Jacob Teboul et les conseillers Abensour Maxime, Aguado Jean, Banos Jésus. Catroux Alexandre, Cazès Jules, Mme Chatin Renée, Jauffret Paul, Lascar Moïse, Martinez François, Meissonnier Henri, Millet Eugène, Mira René, Rey Louis, Snasni Mohamed, Tichané Fernand et Traverse Lucien, et l'équipe du 2ème Collège dont je me rappelle Medeghri Ali, Tandjaoui, Zinaï Fektar, Maar Tayeb; je ne pouvais pas ne pas les citer.

L'état-major aussi de nos collaborateurs municipaux, dévoués et compétents, Paterna Joseph, Chéraqui Sadia, Bachir et Fuster, l'architecte Cabanel et Fechmann, Mmes Gouchet, Renée Moner, Tazi, Fekhar et bien entendu les plantons Kadda et Djibali, et tous les autres qui ne mériteraient pas moins d'être cités. Mes concitoyens m'ayant élu au Conseil général et à l'Assemblée algérienne, mes fonctions devenaient lourdes. Il me fallait un collaborateur. Marcel Saint-Vignes loua sa ferme et devint celui-là. Marcel était un homme de caractère. Avec son regard bleu qui vous regardait droit dans les yeux, il était d'un dévouement absolu, et fidèle au sens latin du terme. C'était mon ami. Je ne veux juger personne, je ne parlerai donc pas du dernier maire de Saïda.

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