![]() Chapitre 4 |
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Ils
avaient cru à la terre promise, et la réalité était différente. Certes,
les terres étaient bonnes, la pluviométrie suffisante, mais à 950 mètres
d'altitude moyenne le climat continental était dur, très dur. Il neigeait
chaque hiver. Une gelée de printemps pouvait anéantir les espérances d'une
année de travail. Et puis tout était à faire. Trouver de l'eau, élément
essentiel de vie, construire pour abriter sa famille et marquer sa présence,
défricher, épierrer, acheter du bétail et du matériel, mettre en terre les
premières semences... et la réussite ne fut pas toujours à la mesure des
sacrifices consentis. Mais quel acte de foi ..... Il manquera toujours l'empreinte
de cette époque à ceux qui ne l'ont pas vécue. Il y eut des succès et des échecs graves. Mais dans les difficultés, les hommes venus de tous les horizons, apprirent à se connaître et à s'aimer. Ils devinrent solidaires. Les Français avait apporté la culture de la vigne et des arbres; les Espagnols la culture à sec des céréales; les Arabes l'élevage du mouton et le sens de l'hospitalité, les Italiens comme toujours furent des bâtisseurs, les Juifs leur sens des affaires, mais aussi la solidarité, la façon de donner, l'imagination et la ténacité. Et puis ils apprirent ensemble que la patience est une vertu cardinale, et découvrirent d'instinct la nécessité de mettre en harmonie leurs intentions et leurs possibilités. C'était parti ..... Dans le même temps, la ville en plein essor, s'extrayait de la Redoute et s'étendait vers l'ouest, vers la gare, où arrivait, en 1882, la ligne à voie étroite créée par la France pour le transport des alfas et qui reliera plus tard Oran à Colomb Béchar. Nous n'étions plus coupés du reste du monde. Ain-el-Hadjar, centre de pressage et d'emballage des alfas, connut alors un essor inattendu; Guy de Maupassant parle de tout cela dans son roman. Dans notre région, le premier centre de colonisation fut créé à Charrier, en 1884. Notre ami, le docteur René Bordères, conseiller général et délégué à l'Assemblée algérienne, y naquit, son père y étant instituteur. D'autres suivirent aux environs de 1900. Les lots de colonisation étaient trop petits et ce ne fut pas une réussite. |
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