Saïda Blédi
Chapitre 8

La population augmentait et avait besoin de soins. Les premiers médecins furent, bien entendu, militaires. Le premier médecin civil, ou un des premiers, fut M. Fabre, puis M. Baraillaut; plus tard, les docteurs Rehm, Bourgnigaud, Ferriot, de Touris, Hemsch, notre ami Simon Benhamou et, plus récemment, Coiquaud, Montagnac, Manceau, Djebare, Paul Benhamou, Carbonnel et le tout dernier, Théo Korn, le fils de mon ami Coco, qui exerce aujourd'hui à Nice. Je ne veux pas oublier nos médecins militaires de l'époque: Passez, Lefèvre et bien sûr Rondreu, et non plus les médecins d'Ain-el-Hadjar, Escudié, Limouze, Martin et Gazanova aujourd'hui disparu, gendre de notre ami Louis Cambas.

Les pharmaciens vivent longtemps, c'est connu; à M. Louette avait succédé M. Cot, dont le préparateur était M. Cassis. Il nous administra purges, pommades et potions plus d'un demi-siècle durant. La seconde pharmacie était celle de M. Dufiser, dont le gérant était M. Lescombe. Une troisième officine fut ouverte plus tard par M. Merabet. Quand Gaston Chassaing succéda à M. Cot et Mme Génolini à M. Dufiser, nous entrions dans notre génération. On ne présente pas M. Gaston Chassaing. Ce que je veux dire, c'est qu'il avait épousé notre pays au point de devenir plus Saïdèen que nous-mêmes. Il est aujourd'hui pharmacien à Cagnes-sur-mer. C'est un chic type et c'est mon ami. Et nous eûmes, Saïda étant un pays d'élevage, des vétérinaires; à M. Costes, qui remonte déjà loin dans ma mémoire, père de nos amis Marie-Louise, Adrien, Albert, Jeannette, Jean et Paule, avait succédé Georges Badouin, célèbre par ses distractions, Assemat, Serrano et le dernier en date Bertucci.

On ne vit pas que de pain. Saïda était une belle paroisse. M. Pons en fut le premier curé. Il baptisa dans la chapelle de la Redoute tous les enfants nés avant 1903. M. Cholat lui succéda en 1909, c'était un prête brillant et distingué. Ce fut le prête de ma première communion. Il fut remplacé par M. Pradelles, vers 1915, un exemple de dévouement, de foi et de patriotisme. A sa mort, le curé Fabre lui succéda. La foi faite homme, et la bonté; personne ne l'oubliera à Saïda. Puis ce fut le curé Danis et enfin notre ami Fernand Escolano, agent de liaison de tous les paroissiens saïdéens en métropole. La religion israélite comprit, parmi les rabbins qui se succédèrent, un homme dont la valeur dépassa les limites de I'Algérie; M. le Rabbin Benguigui. Chez nos amis musulmans, le dernier en date de leurs guides fut l'lmam Ghazi Abd el-Kader, un homme intelligent, cultivé, lettré, et possédant un sens politique exceptionnel.

      Précédent
Suivant