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Successivement,
habitat préhistorique, ksar berbère, poste militaire romain, petit centre
agricole et commercial arabe, garnison turque, "Porte du Sud" moins importante
que Tlemcen et Tiaret, point d'aboutissement des caravanes chamelières des
Hauts plateaux, magasin militaire d'Abd-el-Kader, redoute française, centre
de colonisation, commune de plein exercice, chef-lieu de commune mixte,
sous-préfecture et, finalement préfecture, Saïda est bâtie dans la haute
plaine la plus méridionale du Tell Oranais. Dans la vallée transversale
sud nord de l'ouest Saïda, la cité s'élève sur la rive droite de l'oued,
à 850 kms d'altitude, à 2 kms à l'est du vieux village arabe. Elle jouit
d'une atmosphère claire et sèche, d'un ciel aux reflets métalliques, faisant
prévoir le sud, sans en connaître les extrêmes, malgré des chutes de neige
hivernales et des coups de sirocco l'été. En 1962, la ville apparaissait comme une coquette agglomération, aux maisons de pierres fauves, aux toits de tuiles rouges, aux rues bien tracées, aux larges avenues bordées d'arbres, aux places aérées et aux squares. L'avenue du Maréchal Foch était particulièrement animée. Comme les villes de création française, elle était dotée de tous les organismes d'une cité moderne: hôtel de ville, hôtel des postes, église catholique, synagogue, mosquée, théâtre, casino-cinéma, hôpital civil mixte et sa chapelle dans l'ancienne redoute, marché couvert, justice de paix, tribunal d'instance, cadi, cadi-notaire, interprète judiciaire, sept écoles communales, cours complémentaire, inspection primaire, casernes notamment celle de la fidèle Légion étrangère, intendance militaire, fonction publique, techniciens des forets et de l'hydraulique, religieux et petites soeurs du Père de Foucault. L'origine militaire de l'agglomération était attestée, au centre de la ville, place Raymond Poincaré, par un monument du souvenir, élevé en mai 1910 "Aux soldats de la Légion étrangère et de l'Armée d'Afrique, morts dans le Sud oranais". En effet, Saïda a servi de base aux opérations de 1845 à 1870, puis de 1903 à 1906, sous le commandement du général Lyautey, à Ain-Sefra. Précisément, ce monument a été transplanté, en 1963, à l'entrée de la citadelle de Bonifacio, première garnison de la Légion, en Corse. Non loin de cette stèle, les techniciens de la Légion avaient conçu et construit, en 1935, un fameux et grand cadran solaire de précision. L'agriculture ne représentait que 10 pct de l'activité économique de la cité; 27 pct pour la viticulture, 20 pct pour les céréales, 10 pct pour les forêts et l'alfa, le crin végétal et l'écorce à tan; il faut ajouter trois distillateurs, une fabrique d'emballage, 10 exportateurs de fruits, un pépiniériste, la minoterie de Tafrent, la société coopérative meunière, une cave coopérative, une association ovine, des docks coopératifs, deux exploitants forestiers, des entrepreneurs de travaux publics. Les artisans: 18 pct étaient européens pour les deux tiers; les professions libérales: 16 pct dont moitié de français et moitié d'israélites (médecins, pharmaciens, dentistes, infirmiers, sages-femmes, juges et notaires). Le commerce était la plus grande affaire avec 53 pct de la population active non salariée dont 30 pct de grossistes en alfa, bestiaux, bois, vins, charbons de bois, crin végétal, cuirs et peaux, fruits, dattes, huile comestible, fer, fibres végétales, grains et farines, pétrole, huiles minérales, légumes secs, tissus européens et indigènes, produits tropicaux (thé, sucre, café, épices, tabac, matériaux de construction. Un tiers d'entre eux était israélites, 58 pct européens (dont la moitié à patronymes ibériques), 10 pct de musulmans. Les commerçants d'alimentation représentaient 9 pct du négoce mais les petits détaillants (62 pct du total) étaient pour les trois quarts des Israélites. Les transports de marchandises étaient assurés par 13 entrepreneurs (3 pct de la population active) et par le chemin de fer d'Oran à Colomb-Béchar par Perrégaux. Les voyageurs disposaient de lignes régulières de cars vers Oran, soit par Mascara, soit par Sidi-Bel-Abbès, Geryville par Bouktoub, le Telagh Marhoum (centre alfatier), M'Zaita (mine et alfa), Ain-Skrouna sur le Chott-ech-Chergui. |
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