![]() Chapitre 2 |
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Dans
leur foulée, en 1846, arrivèrent les premiers colons. La connaissance d'une
ville passe par celle de son cimetière. Je n'aurai jamais plus la chance
d'interroger les tombes du cimetière de ma ville, et cet article basé sur
quelques rares documents et surtout sur ma mémoire, et celle meilleure de
mes amis Maurice Solari, Louis Cambas, Mme Meissonnier, Maurice Escudié
et Albert Dufour, comportera inévitablement des lacunes. Mais qu'importe
si j'arrive à en faire revivre l'esprit. Je ferai de mon mieux, et mes amis
Saïdèens, je le sais, me pardonneront mes oublis et mes erreurs. Dans l'enceinte de la Redoute en construction (juin 1845), les militaires se logent et installent leurs bâtiments administratifs, construisent une école, un hôpital militaire, un cercle, une chapelle dans laquelle furent baptisés, par le curé Pons, tous les gens de mon âge, et voici que tracée par un officier du génie, surgit une petite ville fortifiée que les habitants rejoignent à la nuit tombée, et on ferme les portes chaque soir. Tout a commencé là. Qui sont-ils ces habitants? Des fournisseurs de l'armée, bien sûr, mais aussi des commerçants et artisans indispensables à toute communauté humaine, des boulangers, épiciers, bouchers, maçons, écrivains publics, etc. Cette période a été longue et difficile, mais toutes les marches ne commencent-elles pas par un pas. C'est la vie des pionniers. C'est la vie du bordj. L'insécurité, le manque de moyens financiers, le défaut de moyens de transports et de communications, la méfiance, la méconnaissance de la langue et des coutumes arabes, ralentissent le développement de la ville et de la région. Il faudra attendre de longues années avant de percevoir les premiers frémissements d'une éclosion attendue. Qu'importe, le coup d'envoi était donné. Un sous-officier des Chasseurs, libéré de l'armée, et encouragé par les autorités, s'installe à Saïda. C'était un paysan auvergnat, il construisit sa maison près de la rivière, il s'appelait Allène. Il y fit souche. Ses petits enfants, François, Charles, leur soeur, Mme Barnier, furent nos amis, et le dernier, Albert, fut mon camarade de classe. Il a pris une retraite de commandant dans la région de Toulouse et Paul Allène, son arrière petit-fils, habite aujourd'hui Blagnac tout près de nous. Les Allène avaient ouvert le voie, et dans leur sillage les tout premiers colons arrivent, les Flinois, les Boudol, les Pillon, Biron. Besombes, mon oncle Robert, mes grands-parents Albaladejo, Vidal, les Musquère, Cambas, Grosdemange, Solari, Pagney, Conventz notre garde champêtre, qui faisait marcher la ville au rythme de son tambour; Quessada, Belmonte, Sigwalt, Wagner et d'autres dont les noms ne me reviennent pas en mémoire. |
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