Saïda Blédi
Chapitre 12

L'après-guerre allait voir s'épanouir Saïda une vie culturelle et sociale. Déjà, avant la guerre de 1914, existait à Saïda, sinon une vie sociale, du moins une vie mondaine, dont les éléments les plus en vue furent les fonctionnaires et les officiers. Saïda était une ville de garnison, les dames y avaient leur jour, les hommes se retrouvaient au Cercle militaire. Les civils y adhérèrent timidement. Il était bien sur difficile de penser à une vie mondaine pour des gens qui travaillaient quatorze heures par jour. Le vrai départ fut donné dès l'après-guerre, en 1919. Notre isolement nous obligeait à puiser dans nos réserves.

Alors Saïda inventa l'AMS qui sut créer une vie artistique, musicale, culturelle intense, de très haute tenue, à qui nous devons les soirées somptueuses chères à notre souvenir. Nous gardons la mémoire des comédies qui furent données par notre troupe d'amateurs, dont les principaux interprètes furent Mme Simondet, la colonelle, M. Lacoste, Rose Musquère, Juliette Solari, Conessa, Mathilde Crach, l'administrateur Dietrich, Fifine Iguna, Marcelle Chabaud, Jeannette Costes, Carmen Buhl et j'en sais d'autres. Et le comble c'est qu'ils étaient bons... La classe quoi... Même la Légion aidant qui nous fournissait comédiens, artistes, décorateurs, musiciens de haute lignée tels que Capelle et Pellenc.

Mais tout cela n'eut pas été possible sans la rencontre de deux hommes sans lesquels l'AMS n'eût atteint cette tenue et cette perfection. Je veux parler de M. Paul David, qui aurait dû naître prince florentin, mécène cultivé, éclairé, passionné d'art et de musique, qui en fût le président inamovible et l'animateur hors série, et d'Henry Benarouche, un musicien de très grande qualité qui passa à côté d'une grande carrière professionnelle, par fidélité à sa ville. Il créa une école de musique et de chant scolaire. Il éduqua, forma, rassembla et dirigea un orchestre et une chorale d'une qualité exceptionnelle. L'orchestre obtint, aux fêtes du Centenaire de l'Algérie, un premier grand prix hors concours, et la chorale de 200 enfants étonna le gouverneur général Léonard, lors de sa visite à Saïda. Merci Paul et merci Henry...

Je serais impardonnable d'oublier cette vénérable institution Saïdèenne "L'Echo de Saïda", l'hebdomadaire de nos amis Georges et Marcel Favier dont j'ai un exemplaire sous les yeux, chronique vivante de tous les événements grands et petits qui marquaient la vie de notre cité et dont la collection permettait de reconstituer fidèlement l'histoire de notre ville. Comment ne pas citer aussi les sociétés d'après-guerre: Anciens Combattants, Médaillés Militaires, Croix de Guerre ou d'entraide, " Les Cheminots", l'Entraide Israélite, les Dames de charité, les Femmes d'Algérie auxquelles on peut lier les noms de Jacques Abecassis, Justin Sabaton, Bourette, Serfaty, Allène, Lascar, Baylé, Messonnier qui en furent les présidents ou les animateurs, et bien sûr la Croix-Rouge, dont le bal annuel était l'événement de l'année et qu'animèrent ma femme, qui en fût la présidente, mais encore ses amies Mémé Second, Colette Sabaton, MM. Favier, Verdier et l'efficace Marcel Favier.

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